On s’approvisionnait à l’étranger, on faisait faire les voyages à quelques-uns à qui bien contents on donnait quelque chose, généreux mais si la situation ne se rétablissait pas on devrait trouver une solution, il fallait tenir le niveau, non pas tant pour nous que pour. Il y avait les assurances-vie souscrites c’était une sacrée décision à prendre que. On avait recours à ce qu’on avait gardé depuis quelques générations, que nos parents nous avaient gardé jalousement et on en avait voulu à nos parents que ce fût jalousement. La connaissance, souvent, servait plus à échanger des plaisanteries sous-entendues qu’à comprendre et s’enthousiasmer – les enthousiasmes les trouver dans le plaisir de tenir (en même temps qu’on posait le meilleur système qui fût pour tous, école santé mariage pour tous, sans l’habitus bourgeois de la peur de perdre car on n’avait pas peur, n’avait jamais eu peur), de tenir la connaissance et les vacances au ski et la familiarité de certains lieux, d’autres y sont timides toi tu y exhibes ton fair-play, ton esprit, ton état d’esprit, c’est ouvert à tous, tu loues la mixité puis tu fais une bonne blague. Tu critiques les lieux du savoir, tu les as fréquentés et tu peux, en connaissance de cause et du haut de ton amour pour les lieux du savoir, les critiquer. Tu n’as jamais eu peur, tu as dit (tu t’es entendu dire : Baudelaire est très surévalué, dans l’histoire de la littérature je retiens Cervantès et Montaigne) que tu n’avais pas peur, c’est notre plus grand privilège cette absence de peur, ça rend moins con, tu l’as dit et c’est vrai jusque là tu as été favorable aux politiques les plus généreuses et quand on a vu tourner au vinaigre la vie comme elle va tu as signé des pétitions et tu as pris la parole tu as dit qu’il fallait sortir des cercles tu as relu ceux qui disaient qu’il fallait trouver de nouvelles scènes mais les scènes étaient toujours plus vieilles et plus innocentes toujours moins agissantes et tu n’as pas trouvé ; tu es, pourtant courageux, au bord du découragement et les scènes minuscules tu as dit : après tout ça commence comme ça et il n’y a qu’à et on s’y sentait bien, de toute façon, n’empêche. Tu prenais les images qui passaient – à regarder avec mon fils qui à 5 ans sait mieux que moi se servir de l’Ipad télécharger les vidéo, cette violence-là les enfants la prennent-ils de face, fonction de leur maturité affective et du lien qui (tu as réfléchi, puis tu as fait quitter l’école à tes enfants parce qu’ils s’y ennuyaient, ils y frôlaient la violence de ceux qui n’ont pas autant et c’est bien malheureux mais je ne vais pas faire d’eux des otages, otages de mes opinions politiques, otages et opinion, alors tu as inventé d’autres écoles et), le choc des mots, ces mots-là sont des mines pour eux qui, 10 ans, n’ont pas les réponses comment les auraient-ils, mon enfant ne dort pas il dévore tous les livres ce qui lui passe entre les mains, mines que les mots sur quoi sautent les corps d’enfants ; et toi qui n’as pas peur n’as jamais eu peur tu as peur maintenant ou c’est autre chose, une gêne peut-être, une gêne aux entournures, tu cherches entre mots, images, mines, jeux video et zapping tu cherches les responsables de 10 à 11 car tu n’as pas le temps ailleurs, parfois ça te prend entre minuit et 2 heures du matin : mauvaise conscience, c’est donc que tu as mauvaise conscience, tu te rendors pensant que quand tout ça sera fini tu feras repeindre la salle de jeux, de couleurs claires il faut prévoir une baie sur le balcon qui donne sur les toits.
Tu as des insomnies.
Tu as inventé d’autres écoles, elles respectent le rythme de l’enfant et tu te ronges les ongles, heureux des rythmes respectés de tes enfants.
Ils ont pleuré hier soir, tu as caché les Misérables édition jeunesse Ecole des loisirs parce que.
Je supporte tout les video de tout mais pas quand c’est la violence faite aux animaux.
Les enfants se réveillent la nuit, dire qu’on a commencé à quitter la ville, heureusement avait-on anticipé pour les écoles qui ont fermé après l’hôpital, on a les médecins privés et amis des amis mais ça ne va pas durer, la plupart partent déjà ou les très pauvres ou les très riches, tu te retrouves comme un con avec ton assurance-vie l’argent des travaux pour la salle de jeu parce qu’après l’hôpital et l’école ce sont les banques qui ferment on dit qu’il n’y a plus personne déjà dans les bureaux mais tu fais l’autruche, je fais l’autruche tu m’entends, mais attends, je vais te présenter quelqu’un qui te dira, à coup sûr tu pourras récupérer ce qui, ne cédons pas à la panique, comme on avait ri d’acheter les mauvaises conserves au Carrefour Markett de la ville basse, se permettant une blague puisqu’on a le sens de l’humour et puis l’humanité et rien rien à voir avec ceux qui accusent : on fera pas la queue avec les pauvres.
Le pharmacien n’a pas quitté la ville ? C’est pour les huiles essentielles je me passerais de tout sauf d’huile essentielle de thym pour l’hiver et si le gaz ne revient pas on va, c’est pour les enfants, sais-tu qu’il y a pénurie d’aspirine, d’aspirine quand même.
Je me réveille la nuit, on entend les pas de ceux qui partent portent leurs gosses sur les épaules comme des balluchons et sur le ventre des sacs Quechua avec toiles de tente et duvets, sais-tu où ils vont, vers le Nord on dit qu’en bas c’est déjà inondé, ça monte, monte.
On a caché des huiles essentielles, des raviolis en conserve ne pensant jamais les manger mais on les a commencées, on a décidé de partir mais nous c’est pas sur les routes, on a passé l’âge et.
On ne dit rien aux enfants, on a commencé la salle de jeux, on fait les peintures, on les avait.
Je me réveille la nuit et le cœur, le cœur, je n’ai plus de valériane, c’est le grand départ (un train qui ne s’arrêtera pas), c’est le grand départ cardiaque, 1 h du matin plus rien à faire, demain la lassitude, sentir fluer la fatigue le long, courir, de chaque veinule, plume, vaisseaux, les ongles, les 20 que j’ai, les vaisseaux du crâne, chacun de la nuque, comment plus longtemps.
Nous on ne devenait pas raciste. On n’était pas devenus racistes. Après c’est les enfants, c’est pas pareil, les enfants on s’est battu pour les avoir (tu te souviens, les injections), comment veux-tu qu’on les expose, psychiquement je veux dire, alors on regarde des video marrantes et pour la télé-réalité, après tout ils sont épuisés, non ? Psychiquement, je veux dire.