en écrivains en écrivant

Autant qu’on soit capable d’apercevoir ce que nous supportons en souffrance, ne nous voilà pas dans une contradiction à peu près comparable à celle dans lesquelles étaient pris les auteurs du XIXème ? George Sand encourage la révolution sociale de 1848 et est terrifiée en 71 par la Commune de Paris, Flaubert déteste les bourgeois qui le lisent et n’aspire pas à ce que les ouvriers apprennent à lire pour devenir aussi bornés, dit-il, que des bourgeois. Sand et Flaubert sont, je crois, paniqués par la question : pour qui on écrit ? Pour qui on va écrire ? Bien sûr ils ne posent pas la question : quand on pose clairement la question de nos angoisses, on a de grandes chances d’être, dans le moment historique qui est le nôtre, à peu près cohérent avec soi-même.

Il s’agit du public. Et peut-être, à un moment où le statut d’écrivain est reconnu (l’art pour l’art, détaché des contraintes et des finalités de commande), ces écrivains se demandent-ils : si le peuple apprend à lire mais aussi apprécier « le style » et « les livres sur rien » puis apprend à écrire, ne perdrons-nous pas cette place symboliquement puissante obtenue de haute lutte ? Si autour on apprend à écrire…  La question est là. Moins nombreux on sera à cet endroit-là, plus nous, on y sera assuré.

La question du public, pour qui on écrit, c’est Sartre qui la pose de façon claire et qui agace beaucoup, plus tard, en 1948. On peut comprendre que ce soit agaçant : on n’est pas loin de l’idée d’une demande à laquelle l’offre devrait répondre. Mais ce n’est pas ce que dit Sartre, et il nous faut tenter de s’éloigner du modèle publicitaire et de propagande (que nous connaissons mieux que Sartre encore) pour entendre dans cette question du public, des lecteurs, que quelque chose (mais quoi, c’est à mettre en œuvre ensemble), doit être pensé.

Je n’écris pas en pensant à un type de public, je n’écris pas un roman dans l’intention de convaincre, il m’arrive d’écrire pour témoigner, il m’arrive d’écrire des billets de blogs, des textes pour  ABCDire.  Jamais un de ces textes, je l’espère du moins, je le crois, ne vise à simplifier la réflexion. Les personnages d’Emmy ou de Valentina dans A notre humanité posent la question du corps, métamorphosé quand il est en proie à l’angoisse et à la solitude de la nuit, à la folie. Ce n’est pas une question où réponse est attendue. C’est de l’ordre de la sensation, la sensation se partage, ne cherche à  convaincre personne ni à livrer message. J’en ai besoin puisque c’est l’endroit où je peux dire JE et à partir duquel, après, je dirai le reste. Je fais part d’une sensation, de ma folie. Je ne pense pas un public. Je ne m’en pose pas la question. Cependant elle se pose. Exemple. J’enseigne en collège. J’ai connu les zones sensibles et les campagnes. Parmi mes élèves, qui sont mes futurs lecteurs ? Je vais au festival littéraire de la Baule ou aux petites Dionysies dans le Jura : qui sont mes lecteurs ? Je publie des textes sur Médiapart : qui sont mes lecteurs ?

Gamins et leurs parents de ZEP et des campagnes sont-ils incapables d’aller vers ce que nous écrivains ou écrivant, nous disons essentiel – une façon infiniment mouvante et échappant aux façons normatives de représenter le monde ? Nous sommes persuadés qu’il ne s’agit pas de capacités mais d’accès et de modes d’accès. Bien sûr. Par ailleurs, nous avons comme public, une fois le livre écrit, ceux qui ont tout ce qui faut comme richesses symboliques, ceux qui savent déjà, sont convaincus, participent au même monde que nous, dans le meilleur des cas avec qui nous partageons, à qui nous  faisons des clins d’œil, que nous comprenons d’emblée ou presque, qui nous comprennent parce nos références sont communes  … Agréable “entre soi” mais avouons que pour le peuple qui manque, c’est raté. La question du public, une fois le livre écrit, se pose bel et bien.

Et puis comment ne pas le dire : il nous arrive d’avoir des doutes au sujet de la vanité ou de la non-vanité de ce qu’on fait. Ça nous arrive. On sait qu’on a vendu notre dernier livre à 300 exemplaires ; quand c’est à 500 on est content. On ne le dit jamais, mais, quand on publie sous un label qui n’est pas un gros label, c’est le cas.

Oui la question du public se pose,  elle rend modeste, c’est pas mal… Mais il ne faudrait pas qu’elle nous rende amer sans que nous le voyions venir, ce moment de bascule dans l’amertume. Posons la question avant. Et d’une manière qui nous convienne.

On vit un début d’époque où l’on peut diffuser plus ou moins librement de l’écrit, via blogs, édition numérique, édition à la demande. Je ne rentre pas dans les détails mais regardant (d’un peu trop haut sans doute) la situation, on se dit qu’on ne peut pas revendiquer d’un côté « le meilleur pour le plus grand nombre » (c’est je crois ce que nous faisons, voulons faire) et de l’autre côté se crisper sur droits et labels. On ne peut pas multiplier les ateliers d’écriture (nous en vivons en partie) et ne pas remettre en question la notion de l’auteur. On ne peut pas regretter qu’il y ait trop de livres, on ne peut pas regretter qu’il y ait trop d’auteurs. Il y a de fort mauvais livres, bien sûr, mais nous aussi, c’est mon cas du moins, on s’est construit et nourri de mauvais livres – que nous avons appris (grâce à l’école) à voir insuffisants, faciles, dangereux même en ce qui concerne les visions du monde qu’ils contribuent à former. Nos outils contemporains permettent une diffusion plus facile et plus étendue des mauvais et des très bons livres : on ne peut pas décider, sous le prétexte qu’on ne s’en sort pas sinon, à rétrécir le champ. Oui ça meurt derrière et autour de nous, éditeurs, diffuseurs, libraires n’en parlons pas, auteurs ce n’est pas brillant. Mais quelque chose d’autre que l’interdiction pure et simple de la circulation libre des livres est à repenser si nous ne nous voulons pas aussi schizophrènes et bourgeois qu’un auteur bourgeois du XIXème siècle.

Une question se pose aujourd’hui comme hier : qui est prescripteur ? Dans le cas d’une plus grande diffusion des textes qui prescrit ? Qui lit ? Comment ? La presse critique littéraire est d’ores et déjà dépassée par les blogs de littérature. Les prescripteurs c’est vous ou moi.

C’est là que le plus important est à faire : il faut que les profs soient prescripteurs ; c’est un sujet si vaste. Il faut que nous allions dans les écoles et dans les médiathèques, c’est une façon urgente de s’engager, c’est la plus importante, elle aidera à recomposer le tissu perdu, à rejoindre les genoux des jours noueux, comme dit Mandelstam, les genoux des classes sociales et culturelles complètement disjoints aujourd’hui. C’est terrifiant de voir l’abîme creusé entre ceux qui n’ont pas besoin de l’école parce qu’ils ont mieux à la maison (je caricature à peine) et ceux qui n’en ont pas besoin parce qu’ils ne sont pas en état de profiter de ce qu’elle voudrait bien leur proposer. Il est urgent que nous agissions dans ce sens, nous qui avons les mots, la parole, nous qui les et la brandissons, urgent que nous agissions expérimentalement selon ce que nous savons intellectuellement : nous ne voulons pas la garder pour nous à tout prix, cette parole. Urgent parce que très concrètement, sans ça, c’est Marine Le Pen dans 5 ans.

La question de la résistance de la langue, comme on dit. Bien sûr. On a raison, c’est ce qui fait la littérature. On ne fait pas de propagande, de publicité, c’est une langue nouvelle qu’on crée et c’est elle qui résiste et proteste. Comme pour la question du public et de l’offre et de la demande qui serait une si mauvaise chose pour la littérature, on a raison. Mais on en est un peu à répéter de vieilles choses. Elles ne sont pas devenues idiotes, ces choses, la preuve : chaque jour nous nous isolons à notre table de travail,  nous n’obéissons à aucun public, nous écrivons pour celui qui manque, dans l’absence au monde, en quelque sorte, loin du bruit et de la fureur. La résistance à la langue de communication on la met en jeu chaque jour.

Mais quand on pense à Claude Simon, qui disait ceci clairement, à savoir qu’un livre ne bouleverse pas le monde mais grain à  grain peut-être la façon de se le représenter, quand on pense à Claude Simon qui s’oppose à Sartre, on oublie un peu qu’il allait dans les comités d’entreprise, chez Renault par exemple, ses livres étaient lus par les ouvriers de Renault et  il trouvait d’ailleurs que les questions qui lui étaient posées alors étaient souvent plus malignes que celles des journalistes…

On pense à la poésie, celle qui a résisté de toutes ses forces à un régime d’oppression, on pense à celle de Mandelstam. Olga Sedakova raconte quelque chose d’important là-dessus :

Je vais vous raconter une histoire que je tiens directement de celui-là même à qui elle est arrivée.

C’était un dissident qui, dans les années soixante-dix, avait été arrêté et, des mois durant, avait dû subir des interrogatoires quotidiens.

On exigeait de lui qu’il signât toutes sortes d’accusation et qu’il fit en outre une confession publique, comme il était d’usage à cette époque.

“A un moment donné, raconte t’il, tout m’est devenu indifférent.

Je me suis réveillé avec le sentiment que j’étais prêt ce jour-là à signer tout ce qu’ils exigeaient de moi.

Non parce que j’avais peur, mais parce tout m’était devenu indifférent. Rien ne signifiait plus rien.

C’est alors que soudainement me revint à l’esprit un poème de Mandelstam, du premier au dernier vers : de la flûte grecque, le thêta et le iota…

J’ai alors éprouvé sans doute, la même chose qu’éprouvent les croyants, d’après ce qu’ils m’en avaient raconté, après avoir pris part à la communion

– c’est du moins ce que ce jour-là j’ai pensé : il s’agit sans doute de la même chose.

Le monde est là, tout entier, entièrement, et nous y participons : communion avec le monde.

Après avoir vécu cette expérience, je savais désormais en toute certitude que je ne signerais rien.”

C’était désormais impossible. Et eux aussi, ils l’avaient compris : de ce jour-là, ils ne s’acharnèrent plus sur moi et m’expédièrent là où il fallait.”

Cette histoire ne serait pas tellement stupéfiante s’il avait été question de vers ayant quelque contenu doctrinal évident ou une finalité morale. Mais ces vers sont plutôt de ceux que l’on appelle difficiles et obscurs, des vers dont le sens ne se dévoile que de façon immanente à même leur chair sonore, et ne s’en laisse dégager qu’avec douleur — à la manière peut-être dont Marsyas, ches Dante, est arraché della vagina della membra sua, du fourreau de ses membres. Je me permettrai de citer intégralement ces vers et, ce faisant, de reprendre souffle après nos considérations informes sur la forme pour laisser la parole à sa pure présence : l’intensité même du seuil. Je dis “reprendre souffle” car tout ce qui ne révèle pas de cette intensité-là est en réalité très exténuant.

De la flûte grecque le thêta et et le iota –

A croire qu’il ne lui manquait que la voix –

Sans avoir été façonnée, sans calcul,

Elle mûrissait, languissait, franchissait les fossés.

Et on ne peut l’abandonner,

Les dents serrées, la forcer à se taire,

Ou de la langue la pousser à parler,

Ni non plus la pétrir de ses lèvres.

Et le flûtiste ne connaît pas le repos :

Il lui semble être seul,

Sa mer natale l’avoir jadis,

Modelée lui-même dans une glaise lilas..

Porté par le clair et ambitieux murmure,

Le tapotement de ses lèvres qui se souviennent,

Il s’empresse d’être parcimonieux,

Et s’empare des sons avec un soin avare.

A sa suite nous ne le répèterons pas,

Mottes de glaise malaxées entre les paumes,

Et lorsque de la mer je me suis rempli,

Mesure est devenue pour moi malemort..

Et de mes lèvres moi-même je ne suis plus l’ami –

Et c’est ici que le crime s’enracine –

Et sans le vouloir vers le déclin, le déclin,

L’équinoxe de la flûte j’incline.

7 avril 1937

In Olga Sedakova in Poésie et anthropologie

Alors oui, c’est la langue de Mandelstam qui donne la force concrète et immédiate de résister, de tenir bon. On trouve des histoires comme  celle de ce dissident russe dans l’Espagne franquiste. La poésie orale basque, le chant improvisé, complexe et travaillé, où les réalités interdites sont dites par métaphores, est un exemple. La même chose dans la poésie canaque, ce sont les métaphores qui disent les destructions de masse de 1916. Mais on ne vit pas sous un régime totalitaire. Et si nous attribuons à notre langue, à nos langues, ces mêmes enjeux, nous avons infiniment raison. Et si nous lui attribuons la même effectivité, je crois que nous nous trompons un peu.

de Chandler à Manotti

Un homme habillé comme un clown arrive plein de vivacité en bas de l’immeuble où je me protège de la pluie mais quand on mesure deux mètres, pèse deux tonnes, quand on est habillé comme un clown avec plastron, nœud papillon, costume rouge aux gros boutons voyants, la vivacité ça s’appelle autrement, en tout cas ça se présente autrement, c’est plein de râle et de ténacité et c’est, la vivacité, incontrôlable. Le clown s’appelle Moose ou Malloy c’est selon, il affirme haut et fort en bas de l’immeuble (où est témoin, héros qu’après métamorphose joyeuse je deviens, Philip Marlowe) qu’il avait un amour, que son amour chantait au cabaret, que c’était ici-même, que la voix de son amour est inoubliable. Qu’il n’y a rien qui l’empêchera de retrouver celle qui portait cette voix et avait les cheveux roux. Le grand bonhomme amoureux a fait 7 ans de bagne et après 7 ans de bagne s’est endimanché pour retrouver la fille, il ouvre les portes de l’ancien cabaret, personne ne lui répond, c’est qu’on doit le trouver bon pour Bedlam avec ses nippes et sa taille démesurée et son amour d’adolescence et à un moment il est bien obligé de retourner sur un homme qu’il interroge l’arme que celui-ci, se croyant agressé, a tirée du tiroir de son bureau. Mince, le gros bonhomme a tiré, a tué, il ne voulait pas. Il a toujours une chanteuse rousse à trouver et il poursuit donc. L’homme tué est un homme noir et on ne peut pas dire que la police se mette vraiment aux trousses du tueur : on l’oublie un peu, on le perd de vue, le gros tueur, quand on est lecteur et non témoin comme l’est Philip Marlowe. Sur le chemin de Philip Marlowe embarqué dans l’histoire de la chanteuse rousse, il y aura bientôt un contrat, un mort et une fille rousse, une autre, pas vraiment jolie celle-là mais quelque chose de plus. Philip Marlowe le privé qui passe et ne s’arrête pas passe encore une fois – devine qu’à l’intérieur de l’espèce de boite qu’est la fille rousse, si on peut dire, se cache une boite plus petite. Derrière la fille rousse qui l’aide et lui court après, il y a une autre fille, richissime blonde et belle à souhait et au milieu, des histoires, des histoires d’émeraudes rarissimes, de mage oriental, de hachich, de politiciens véreux, de fric et de flics impuissants. Des boites s’ouvrent pour en laisser voir d’autres, on monte au sommet du mat d’un bateau et au bout du compte, au bout du compte, après d’impossibles et folles quêtes et ces poupées russes que sont les femmes et les salopards, la richissime blonde chez Philip Marlowe rencontre le clown tueur d’occasion qui ne connaît pas sa force mais son amour. Le clown devant la femme inaccessible bondit, il voit, voit qu’en face de lui c’est elle, déguisée en blonde, c’est la fille rousse autrefois, c’est son amour à la voix de cabaret, celle qu’il cherche. Il a le temps de comprendre que c’est elle qui l’envoya au bagne, 7 ans auparavant, il voit le minuscule pistolet qu’elle brandit et malgré la carrure du clown et le coussin que Marlowe envoie pour amortir le choc, 5 petites balles font vaciller l’homme énorme ; énorme il est touché par celle qu’il cherchait. Elle ne voulait pas, non ne voulait pas qu’on la sache venue de là, chanteuse de cabaret, aimée d’un pauvre gars gros et bon pour Bedlam, elle qui mariée aujourd’hui et convenable est pleine d’émeraudes. Le gars bon pour Bedlam, 5 petites balles dans le corps, décide de mourir sans lutter. Rien d’autre à faire. Marlowe, il lui faut raconter. Il le fera devant la première fille, rousse, rien à voir avec la chanteuse d’antan, pas jolie, celle pour qui on dit l’histoire, tellement plus que jolie.

Je lis des romans policiers, je lis Chandler, je lis DOA, je lis Dominique Manotti, qui montre dans Bien connu des services de police comment 2005 nous est tombé dessus, comment bossent les mecs de la BAC, qui a décidé et comment quel récit collectif tiendra nos sociétés en crise, dans la peur de quels boucs émissaires, comment 2007 a succédé à 2005, qui voulut nettoyer les pauvres au Karcher et comment ce fut fait, Dominique Manotti  ne dit pas ce qui  suivit mais on s’en souvient, elle ne dit pas comment on fera maintenant pour retaper, retisser, défaire et refaire. Il reste à raconter. C’est presque une autre question mais le roman policier fait ça à merveille. Littérature qui s’adresse, dénonce et œuvre. Littérature, n’en déplaise à quelques-uns. A qui il arrive de montrer de toutes petites silhouettes, rousses fragiles complexes. Et de très grosses, d’énormes, de pleines d’amour qui ignorent leur force et qui, étranglant quand elles étreignent, sont étranglées.

que des polars

le fil de l’eau est épais, le crépuscule poisseux, retour au point de départ ou presque, en avant pour la quête et la fuite, il y a eu du passage ici, à la place de mes livres un duvet rouge, une radio, je glisse une main, mes livres sont dessous, je m’allonge, la quête commence par de l’allongement, dehors cette poisse, cette glue, temps dru comme un morceau je dirais une savonnette, une matière comme ça, qui colle et nous joue des tours, le visage perdu du Gers je ne peux l’approcher. Je deviens folle : j’ai le temps de prononcer à voix basse sans les lèvres et avec vibration intérieure Je deviens folle et ça me protège de la folie ou c’est le contraire, je ne maitrise rien et le silence n’a plus rien à voir avec une savonnette, il est l’étendue, je songe qu’il me manque des références pour penser cette étendue, le silence est l’étendue, il est blanc, à vomir, décongelé, quelque chose comme ça

tout ça qui est derrière moi et la scène de la fin, un trauma, quand donc les flics viendront-ils me chercher, je les attends grelottante. Un instituteur, même s’il n’est pas du Gers, viendra-t-il me raisonner doucement, un instituteur dis-je et la fièvre prend le dessus avec l’étendue et la savonnette qui se mélangent bien loin de ma volonté, un chat imprévisible posé par-dessus ma fièvre, je n’en jurerais pas. Je me réveille et je suis à l’hôpital, un visage de chair me surplombe. Elisabeth, ma sœur. Je lui dis Et mes livres ? Que des polars, elle répond. Entre nous c’est sans transition. Le ciel là-dessus fait des mousses bleutées. Encore un truc à elle. Qu’est-ce que tu foutais, tout le monde te cherche, dit-elle en baillant