que des polars

le fil de l’eau est épais, le crépuscule poisseux, retour au point de départ ou presque, en avant pour la quête et la fuite, il y a eu du passage ici, à la place de mes livres un duvet rouge, une radio, je glisse une main, mes livres sont dessous, je m’allonge, la quête commence par de l’allongement, dehors cette poisse, cette glue, temps dru comme un morceau je dirais une savonnette, une matière comme ça, qui colle et nous joue des tours, le visage perdu du Gers je ne peux l’approcher. Je deviens folle : j’ai le temps de prononcer à voix basse sans les lèvres et avec vibration intérieure Je deviens folle et ça me protège de la folie ou c’est le contraire, je ne maitrise rien et le silence n’a plus rien à voir avec une savonnette, il est l’étendue, je songe qu’il me manque des références pour penser cette étendue, le silence est l’étendue, il est blanc, à vomir, décongelé, quelque chose comme ça

tout ça qui est derrière moi et la scène de la fin, un trauma, quand donc les flics viendront-ils me chercher, je les attends grelottante. Un instituteur, même s’il n’est pas du Gers, viendra-t-il me raisonner doucement, un instituteur dis-je et la fièvre prend le dessus avec l’étendue et la savonnette qui se mélangent bien loin de ma volonté, un chat imprévisible posé par-dessus ma fièvre, je n’en jurerais pas. Je me réveille et je suis à l’hôpital, un visage de chair me surplombe. Elisabeth, ma sœur. Je lui dis Et mes livres ? Que des polars, elle répond. Entre nous c’est sans transition. Le ciel là-dessus fait des mousses bleutées. Encore un truc à elle. Qu’est-ce que tu foutais, tout le monde te cherche, dit-elle en baillant