Kerouac Chefjec Proust Deleuze Lowry

Littérature et cinéma : c’est l’intitulé du futur atelier d’écriture  à la médiathèque de Biarritz. Un intitulé de départ, duquel on fait ce que l’on veut. Et là c’est tellement large, possible, énorme, ouvert. Bien sûr pensé aux adaptations, celles que j’aime, Mouchette Bresson Bernanos. Avec Delphine, au scénario de la Maman et la putain. A L’amour existe, de Pialat. Théorème. Je ne sais pas où est cette image, peut-être Tarkosvski, mais un arbre monte, monte et sort du cadre. A tout ce que je ne connais pas. A ce que je connais un peu trop. Sans soleil.  Pour l’heure j’ai fait autrement. Pas plus vite, pas plus mal, mais proche, proche.

Sergio Chefjec et son arbre qui monte à la page 105 de Mes deux mondes. La scène commence devant le lac, une aventure dit Chefjec, alors qu’une petite fille et son père en pédalo s’éloignent, s’éloignent. Et l’écrivain regarde la scène (banale familière mais recelant l’aventure), l’écrivain écrit sur le bord, dans un café où l’on pense qu’écrivent les écrivains. 

A la page 45 des Souterrains de Kerouac Mardou est juchée sur une barrière et on la voit fixement regarder le Noir avec un peu de brume qui se dégage de sa bouche brune.  Plus tard elle descendra, coeur battant dans la nuit de Frisco. Quand elle était sur la barrière on a eu L’Asie, la chaîne Alaskienne, les désastres du Nouveau Monde, les poneys indiens, l’Egypte les Aztèques et les Grecs.

A la page 149 de la dernière version de Lunar caustic de Lowry, une scène se dessine, d’une netteté extraordinaire. Petit bassin, tonnerre, feuilles et bourgeons tombant puis Bill fait deux pas dans la salle. Hop, on voit un homme en haillons, loin au-dessus une jeune fille au col blanc, loin au-dessous des feuilles qui volettent. Au milieu et parmi, des morts, des dormeurs, des fantômes, pas mal de tristesse. Et puis j’ai entouré Chefjec, Lowry et Kerouac de deux textes connus, ici tronqués.

« Une voix parle de quelque chose. On parle de quelque chose. En même temps on nous fait voir autre chose. Et enfin ce dont on nous parle est sous ce qu’on nous fait voir. (…) La parole s’élève dans l’air, en même temps que la terre qu’on voit s’enfonce de plus en plus. ou plutôt en même temps que cette parole s’élève dans l’air, cela dont elle nous parlait s’enfonce sous la terre. (…) »

« Une heure n’est pas qu’une heure, c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats. Ce que nous appelons réalité est un certain rapport entre sensations et souvenirs qui nous entourent simultanément. (…) La vérité ne commencera qu’au moment où l’écrivain prendra deux objets différents, posera leur rapport… »