montagne pliable

Nous sommes plusieurs à ne pas craindre dérives et déplacements. Ah, Cesare Aira, quand il invente devant nous le monde des poètes, montagne pliable après montagne pliable.

A ne pas craindre de ne pas comprendre. Juan Benet, quand il refuse de revenir en arrière dans son récit et qu’il exige qu’éditeur et lecteurs ne se retournent pas non plus.

A ne pas chercher l’homogénéité à tout prix. A revendiquer l’hybridation. Et à aller du côté du mélange des genres et de la transfiction. Bolano, Bellatin, Piccirilli.  Enfin, à abattre les frontières dans ce réel magique qu’est le récit.

Nous savons que nous ne sommes pas obligés de coller l’offre à la demande supposée du lecteur /consommateur – hélas nous savons à quelle démocratie cela convie.

Nous posons qu’il n’y a pas de littérature exigeante, que c’est une expression sortie tout droit de la bonne volonté de républicains progressistes qui veulent depuis cent ans pédagogiquement faire société égale avec des hommes inégaux. Nous posons que nous sommes absolument égaux. Absolument égaux devant la lecture et ses cheminements. Et que si quelque chose nous a échappé, nous sommes libres de lire et de relire, deux fois, trois fois, et encore – comme le proposait Faulkner à ses critiques.