Juliette et Violaine à l'ombre des arbres loin des cochons

L’association au pied de la lettre, Brigitte Bouchu et Jean-Paul Michallet, nous invitaient ce week-end à l’ombre des arbres. Il était question d’ateliers d’écriture, d’enfants à la langue brisée, du chemin des mots et de celui des dessins, de démocratie, de repas partagé, de jazz. Je dormais chez Violaine et Marco. Tout de suite ils ont été mes copains.

Violaine sous les arbres a lu pour tous un bout du Pèse-nerf, et ça tombait très bien, c’était une claque à Millet, à tous les autres cochons.

Toute l’écriture est de la cochonnerie.

Les gens qui sortent du vague pour essayer de préciser quoi que ce soit de ce qui se passe dans leur pensée sont des cochons.

Toute la gent littéraire est cochonne, et spécialement celle de ce temps-ci.

Tous ceux qui ont des points de repère dans l’esprit, je veux dire d’un certain côté de la tête, sur des emplacements bien localisés de leur cerveau, tous ceux qui sont maîtres de leur langue…

–          Sont des cochons.

 Merci Violaine.

Je t’ai pas raconté mon amie Delphine, première année d’enseignement, enseignante sans formation comme c’est maintenant, plaisir de préparer lecture de Karl Valentin et Maupassant pour les petits, à qui sa tutrice sans formation dit : oui mais quel est ton objectif ? Du point de vue du bilan des compétences, quel est ton objectif ?

Qu’est-ce que tu vas cocher d’un certain côté de la tête ?

Comme à eu près Yersin dans le beau livre de Patrick Deville, Peste et Choléra, on voudrait juste dire Ne nous  emmerdez pas.

Faire les petites choses qu’on fait, un petit tour, un atelier laverie comme tu disais, Violaine, en fidèle du geste, un petit tour, et on repart. Qu’on ne nous emmerde pas, ok ?

Et puis il y avait Juliette, à Parignargues. Juliette je la connaissais pour ses Sujets sensibles. Tout sauf  de la cochonnerie. Tout le contraire de points de repère fichés dans l’esprit. Quand j’ai lu (complètement affolée de plaisir) Poreuse, avec ces ponts de textes en images et ces textes qui disent l’image quand les images le texte, j’étais tout sauf maître de quoi que ce soit, j’étais avec Mathilde et j’étais bouleversée, j’étais avec son premier amoureux Guillaume, avec le nouvel amoureux et sa collection de fœtus à qui il faut lire l’écriture anti cochonnerie  j’étais avec les migrants qui débarquent dans leur langue toute mélangée j’étais avec  les grands corps noirs avec le corps mort que Mathilde veut enterrer cacher dorloter mais avant mangeons, mangeons au restaurant, en amoureux, en fidèle du geste, Mathilde, en fidèle du geste. J’avais lu un film ou vu un livre j’étais super heureuse.

Poreuse, comme Sujets sensibles, c’est pas publié chez Gallimard. C’est pas pour les cochons. C’est un grand texte, il transforme ma rentrée. Et si jamais, des fois, là, on essaie de m’emmerder…  je le relirai…

Merci, Juliette