en trois lettres

protection

Les caméras de surveillance dans les bus parisiens, on les appelle, c’est écrit au-dessous, caméras de protection. A la piscine où Thierry multiplie les 100 mètres, près de chez nous, à Bayonne, les cabines handicapées, et seules les cabines handicapées, sont équipées de caméras. Caméras de protection des handicapés. Adieu pudeur des handicapés. Surveillons éventuels agresseurs d’handicapés et corps des handicapés. Le surveillé est le protégé. Ou le protégé est le surveillé.

zen

L’IDTGV, ces trains moins chers que les TGV ordinaires, sont coupés en deux. IDTGV ZEN / IDTGV ZAP. On dirait une blague d’auteur de livre pour enfant. Chez les Zen, c’était mon aller. Le concept, nous a dit le jeune homme d’une voix faussement suave, d’une voix qui se forçait à être suave (je pensais à l’entretien d’embauche, comment on devait lui demander de faire plus mielleux), le concept, c’est la zen attitude. Alors rangez vos appareils à téléphoner, a dit le jeune homme qui de mielleux devenait bête. 22 ans au plus. Il insiste, se prend au jeu : et ne m’obligez pas à venir parmi vous ! Parce que… Menace restée vaine. Mon retour, c’est le ZAP. Ici on devrait aller vite, communiquer, se distraire. On distribue des ballons aux enfants. Dans le premier quart d’heure du trajet, du moins. L’hôtesse nous est présentée par haut-parleur et voix mielleuse plus âgée qu’à l’aller. Votre charmante hôtesse. A son tour. Elle dit à quel point elle est heureuse… Elle se nomme, je suis votre Barystar. Elle nous propose, nous qui sommes ZAP, de nous dire bonjour les uns aux autres, de nous saluer. Barystar, si j’ai bien compris. Bar et star. Baby. Je me suis demandé si elle vivait ça comme un truc super, d’être barystar, bébé et star du bar. Si elle le vivait bien – à l’oral, en cette minute où elle nous parle sans nous voir. Le mot nouveau, étrange, attira notre attention, oh pas longtemps. Un vieux monsieur sourit, désabusé.

copé

Copé, interrogé entre les deux tours des Législatives, expliquait qu’entre le FN et l’UMP il y avait une différence rédhibitoire. C’est sur France inter, lundi 11 je crois. Je conduisais. C’est entre midi et deux. Il y a une différence essentielle, insiste-t-il. Le journaliste le renvoie à la politique sécuritaire qui fut celle des dernières années. Différence essentielle, répète-t-il. Mince, alors, je pense. Et Copé : entre le FN et nous il y a cette incompatibilité dans la vision de l’Europe. Ah oui.

On a reproché à Jean-Luc Mélenchon d’avoir des sympathies pour Mikis Théodorakis, qui a tenu des propos antisémites que je n’ai pas retenus et qui me sont, presque autant que le tweet de Valérie Trierweiller, indifférents, non à cause de l’antisémitisme, qui ne m’est pas indifférent, mais parce qu’ils sont des ragots et que je peux avoir les mêmes à la maison, collège, quartier – presque. Machin a mangé avec Truc qui a dit quelque chose d’antisémite et donc Machin est antisémite. Ici plus précisément c’est : Machin a relayé une pétition contre les mesures d’austérité en Grèce et Truc l’a relayée. A relayé la même pétition que Machin qui avait dit des choses antisémites. Au passage on oublie que Truc a été décoré de la légion d’honneur sous Copé et cie mais ce n’est pas le propos. Si Machin a mangé avec Truc qui a dit un truc antisémite, Machin est antisémite. Et la question, qui tombe alors sous le sens, ce serait, selon Copé, Juppé et Kosciusko-Morizet : alors pourquoi nous, on serait pas raciste ? C’est vrai, pourquoi on nous reprocherait de nous rapprocher du FN puisque Mélenchon relaie les pétitions contre l’austérité en Grèce ? Pétitions qui etc etc. Le raisonnement est aussi enfantin et foireux que l’accompagnement dans nos IDTGV ZAP et ZEN. Pourtant tout le monde cherche : Theodorakis est-il antisémite ? Mélenchon le savait-il ? Antisémitisme de droite, de gauche ? C’est pas nous, c’est lui qui… En attendant