Indignés et murés

Pendant les vacances de Toussaint, Monsieur P., prof de sport à Bayonne, réunissait un peu d’argent pour permettre à un de ses élèves sans papiers ni toit de dormir quelques nuits, avec ses parents, à l’hôtel. Dans le même temps, Thierry, Txetx, Florent et moi trouvions une solution provisoire pour les trois enfants K. inséparables de leurs parents. Chantal téléphonait au Point accueil jour, qui partage avec le Foyer des jeunes travailleurs une grande maison aux vingt-quatre couchages. La maison était libre de travailleurs saisonniers et libre d’urgences hivernales. Mais rien ne permettait de prêter aux déboutés de l’asile les chambres réservées, par contrat avec la mairie, aux travailleurs précaires et SDF français. Il y avait bien cette maison que les Indignés, en été, occupèrent quelque temps. C’est Castorama qui porta plainte. Ce sont les violences policières qui les délogèrent.

 

Aujourd’hui, personne n’aurait l’idée d’aller s’abriter là. Aujourd’hui, il pleut. Mouraz a l’âge de mon fils, il fréquente le même collège et ce soir il dort sous la tente que Chantal a achetée. Dans la forêt, dit-on. En ville, à côté de nos zones d’urbanisation prioritaire, il y a des forêts, elles sont tout près, on n’avait pas fait attention jusque là. Et elles sont habitées.

C’est pas comme la maison voisine de Castorama, celle que les Indignés occupèrent cet été. Personne vraiment n’aurait plus l’idée de s’abriter là. Ni l’idée, ni la possibilité.